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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 13:20

 

Article rédigé pour la revue des ingénieurs des Mines pour leur numéro "Spécial Tourisme" à paraître dans quelques semaines. NB : c'est une version bêta, pas le texte définitif

 

 

Telligo et ses colonies de vacances à thèmes

 

 

Introduction

Ingénieur de formation (X, Mines de Paris), j’ai commencé ma carrière de manière très classique comme jeune haut fonctionnaire : j’étais, à 26 ans, responsable de la division Nord-Pas-de-Calais de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

 

Près de 15 ans plus tard, mon métier est d’organiser des colonies de vacances ! Curieux parcours ? N’est-on pas plutôt animateur à 18 ans… avant de passer à des choses plus « sérieuses » ensuite ?

 

Pourtant, les colonies de vacances, c’est secteur d’activité à part entière, qui pèse près d’un milliard d’euro, vit une profonde mutation, et sur lequel il est possible – comme dans bien des métiers « traditionnels » – d’apporter de vraies innovations, sources de croissance.

 

Destination Découverte, le groupe que j’ai fondé et dirige, organise les vacances de 30 000 enfants tous les ans, et réalise un CA consolidé d’environ 30M€. Telligo, notre filiale principale, a développé une offre originale et novatrice, sur laquelle elle a assis son développement depuis 10 ans, pour devenir – à la petite échelle de notre secteur – un acteur qui compte sur le marché.

 

 

Les colonies de vacances en France

Tous les ans, plus d’un million d’enfants partent en accueil collectif de mineurs (appellation réglementaire des colonies de vacances). Parmi les 8-16 ans, c’est plus d’un enfant sur dix qui part, pour une durée moyenne de 12 jours, en colonie de vacances en France (900 000 enfants), en séjour de découverte culturelle à l’étranger (40 000 jeunes), ou en séjour linguistique (120 000 jeunes). Après une très longue baisse depuis les années 60, les chiffres sont globalement stables depuis 10 ans.

 

Notre secteur d’activité pèse environ un milliard d’euro de CA (à comparer par exemple aux 30 milliards dépensés tous les ans par les Français pour leurs vacances à l’étranger). Les organisateurs de colonies de vacances sont soumis au Code du Tourisme et, juridiquement, je suis agent de voyage. Destination Découverte adhère au CETO, l’association des Tour Opérateurs français. Pour autant, si nous sommes dans le secteur du tourisme, c’est bien sur un segment très particulier, une véritable niche, avec ses caractéristiques propres :

  • Le segment est hyper éclaté : en 2004 (dernière année pour laquelle le Ministère de la Jeunesse a publié ses statistiques !), on comptait près de 8 000 organisateurs pour 32 000 séjours. La concentration du secteur a commencé et la crise économique est manifestement en train de l’accélérer… mais on part de loin !
  • Il est encore très largement associatif, avec la cohabitation de véritables associations portant un projet et des valeurs fortes (de nombreuses petites associations de bénévoles, les différentes fédérations de scoutisme, …), d’autres associations dont les produits et les méthodes commerciales les apparentent tout à fait à des entreprises (à commencer par l’UCPA dont la branche dédiée aux mineurs non accompagnés est devenue en quelques années l’un des très bons acteurs du secteur), et de PME qui assument leur positionnement commercial.

 

Plus encore que la structure de notre segment, c’est notre cœur de métier qui nous éloigne du marché général du tourisme : contrairement à mes confrères du secteur adultes, je ne vends pas d’abord du transport et de l’hôtellerie. Dans mon activité, ces services sont accessoires à prestation beaucoup plus importante : encadrer de votre enfant.

 

Mon cœur de métier, c’est de recruter, de former, et de suivre 400 directeurs et 3500 animateurs qui vont prendre en charge 30 000 enfants tous les ans :

  • Pour les plus jeunes, gérer la vie quotidienne et les rythmes de vie, organiser la toilette et le brossage des dents, mais surtout accompagner cette grande expérience d’être loin de sa famille pour la première fois ;
  • Pour les 8-12 ans, mettre en place des activités ludiques et intelligentes, organiser un grand jeu, animer des super veillées, tout en posant un cadre sécurisant ;
  • Avec les ados, trouver le bon positionnement, savoir impulser et motiver, donner les moyens d’aller au bout de leurs idées et de leurs projets, sans être trop loin tout de même derrière.

 

Le législateur a parfaitement intégré les spécificités de notre métier en créant une réglementation particulière aux accueils collectifs de mineurs, totalement distincte du Code du Tourisme, et qui s’applique en plus de ce dernier. Sont notamment prévus un taux d’encadrement minimum, une qualification du directeur et des animateurs du séjour, des brevets et diplômes d’Etat en complément pour les activités sportives à risque, les modalités du suivi sanitaire des jeunes, une habilitation des lieux d’accueil, etc. Il faut noter qu’il y a significativement moins d’accidents en accueil collectif de mineur que dans le cadre familial, ce qui est sans doute à mettre au crédit du corpus réglementaire existant.

 

Les acteurs du secteur adulte ont eux aussi bien saisi la spécificité de notre activité. Certes, de nombreux villages vacances proposent un club enfants. C’est une prestation bien pratique pour les parents, le plus souvent de grande qualité… mais en fait éloignée de mon métier car vous récupérez vos enfants tous les soirs, voire midi et soir. A ma connaissance, aucun acteur du tourisme adulte n’est présent, directement avec sa marque, ou même indirectement par une prise de participation, sur notre segment.

 

 

Les colonies de vacances à l’étranger

Quelques 40 000 jeunes Français partent tous les ans à l’étranger pour découvrir le monde (soit un total de 160 000 jeunes en comptant ceux qui partent en séjours linguistiques).

 

Intéressons-nous maintenant aux jeunes Européens[1] qui partent en colonie de vacances, dans leur pays ou ailleurs. Telligo a fait des études de marché en Europe puis un test commercial dans 4 pays : Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Nous avons été au-delà du test avec une réelle (petite) présence pendant 3 ans sur le marché allemand.

 

Nous avons finalement jeté l’éponge : le marché européen hors de France est très réduit (un million de jeunes Français partent en colonie de vacances tous les ans, soit environ 3 à 4 fois le total de notre estimation pour l’ensemble des 4 pays testés). Les tests commerciaux ont été très décevants, à l’exception de l’Allemagne qui semblait prometteuse. Dans ce dernier pays, la fidélisation a été trop faible pour soutenir la croissance comme si nos clients – pourtant très satisfaits – se contentaient d’un séjour une seule fois.

 

Ma conviction est que la France et les USA réunissent deux critères-clés pour le développement dans le temps de notre secteur d’activité : une natalité assez forte et un besoin de garde des enfants pendant les vacances d’été (9 semaines de vacances pour les enfants en France contre 6 en Allemagne ; des vacances minimalistes pour les parents aux USA).

 

 

Telligo et l’émergence de colonies à thème

Parmi les milliers d’organisateurs français de colonies de vacances, j’ai fondé et dirige la société Telligo qui accueille tous les ans 15 000 enfants, principalement sur des colonies de vacances à thème.

 

Tout commence fin 1993 : jeunes étudiants des grandes écoles, nous voulons faire partager à des plus jeunes notre passion pour les sciences. Le thème du premier séjour est l’astrophysique (le big bang, la vie et la mort des étoiles, la relativité…) et Telligo s’appelle alors ‘Altaïr’ avec une double référence à l’une des étoiles les plus brillantes du ciel d’été, et à la dernière mission spatiale ayant à son bord un Français.

 

L’enthousiasme de nos 20 ans n’a d’égal que notre inexpérience : nous n’imaginons pas un instant devoir annuler tous les premiers séjours faute de participants, ni devoir surmonter tant d’obstacles administratifs. Rétrospectivement, comment penser que Telligo sera toujours là vingt ans plus tard et accueillera alors des milliers de jeunes ?

 

Cette belle histoire, nous la devons d’abord à un clin d’œil du destin : lors de notre premier séjour (qui réunissait 9 jeunes + les 2 fondateurs), nous n’avions pas le budget pour embaucher les animateurs BAFA initialement prévus. Nous avons donc cumulé les fonctions de « spécialistes » scientifiques et d’animateurs de la vie quotidienne. Sans le savoir, nous inventions l’alchimie sur laquelle repose, aujourd’hui encore, le cœur de notre valeur ajoutée :

  • Une thématique forte qui attire des enfants enthousiastes
  • Des animateurs eux-mêmes spécialistes, qui veulent transmettre leurs propres passions
  • … et donc une vraie « rencontre » entre jeunes et adultes pendant le séjour.

 

Les années suivantes, en gardant cette même alchimie, nous nous sommes développés et avons diversifié les domaines abordés, de l’astrophysique aux sciences et techniques en général, puis des sciences et techniques aux diverses passions des enfants : séjours sur les animaux, la nature, l’histoire, séjours artistiques…

 

Fin 2000, je quitte l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour devenir chef d’entreprise, et Altaïr devient une PME. La communication devient progressivement plus professionnelle, l’équipe permanente se structure, nous investissons beaucoup (à notre échelle) pour nous faire connaître : le CA va alors commencer une croissance rapide, passant de 250k€ en 2000 à 3M€ en 2003.

 

Le développement va se poursuivre à un rythme rapide puisqu’entre 2003 et 2007, le CA sera multiplié par cinq pour atteindre 15M€[2]. Cette deuxième phase de développement, nous la devons en grande partie à une véritable innovation, très simple sur le papier, qui a transformé Telligo, puis contribué, dans une certaine mesure, au renouveau de notre secteur d’activité.

 

En 2003, tous nos séjours sont multi-sciences et proposent, chacun selon le lieu, un cocktail d’ateliers scientifiques. Ainsi par exemple, un séjour 11-14 ans offre le choix suivant : Micro-fusées / La communication animale / Jeux mathématiques / Les volcans (chaque enfant choisit 2 ateliers). Les séjours comprennent le plus souvent des visites de sites / musées à caractère scientifique.

 

L’atelier ‘Microfusées’ attire plutôt des garçons, passionnés de physique et de technologie. L’atelier ‘La communication animale’ séduit plutôt des filles, passionnées d’animaux et de biologie. Etc.

 

En 2006 au contraire, nous avons des séjours complètement thématisés. Nous avons par exemple un premier séjour « Décollage immédiat » (qui reprend Micro-fusées, d’autres ateliers de physique et de technologie, et les complètent par une visite à la Cité de l’Espace de Toulouse), un second séjour « Planète Sauvage » (qui reprend « La communication animale », d’autres ateliers sur les animaux, et une visite au parc animalier de Planète Sauvage), etc.

 

Cette évolution consiste pour Telligo à renforcer la logique[3] de ses séjours, qui s’articulaient déjà autour d’ateliers thématiques. Le thème fort, ce n’est plus ‘les sciences en général’, mais ‘telle discipline scientifique en particulier’.

Conséquence n°1 : en segmentant mieux, nous touchons des enfants et des adultes plus motivés encore et la rencontre adulte / enfant autour du thème n’en est que plus forte.

Mais surtout, conséquence n°2, le modèle fonctionne en-dehors de la niche bien spécifique des sciences, et de proche en proche nous arrivons à organiser des séjours thématiques pour les différentes passions des enfants.

Aujourd’hui, notre best-seller est « Mon ami Dauphin » : les enfants sont encadrés par des animateurs ayant une formation en biologie, voire par de véritables spécialistes de la vie marine, avec un véritable échange entre adultes et enfants sur les dauphins et le monde marin. On est loin des sciences dures, mais on est toujours sur un thème fort. Vous surprendrais-je en disant que les enfants de 8-12 ans qui rêvent de dauphins sont plus nombreux que ceux qui veulent résoudre des équations mathématiques ?

 

Mais le plus frappant, c’est de constater, une petite dizaine d’années plus tard, que Telligo a été assez massivement imité par des confrères dont les séjours sont fondamentalement multi-activités, et ne reposent pas sur un échange adulte-enfant autour d’un thème en particulier. Quand, enfant, je partais en colonie de vacances, c’était « 2 semaines en Haute Savoie ». Le séjour, pour autant que je m’en souvienne, comprenait quelques activités sportives (sports collectifs, une sortie piscine, une initiation tennis), des randonnées, la visite d’une fromagerie, etc. De tels séjours, sans angle véritable, sont aujourd’hui en voie de disparition totale. Les organisateurs de colonies de vacances proposent aujourd’hui peu ou prou les mêmes séjours qu’il y a 30 ans mais leur donnent un titre et un angle : cette thématisation assez pauvre est devenue une précieuse boussole marketing pour parents en quête de la bonne colo dans un marché hyper atomisé à l’offre pléthorique.

 

 

Conclusion

Entre 2008 et 2011, Telligo a poursuivi sa croissance organique mais a surtout été très actif en croissance externe au travers des différentes acquisitions réalisées par sa maison mère Destination Découverte. Ces acquisitions ont mobilisé beaucoup d’énergie mais nous ont permis de diversifier encore notre offre de séjours, notamment pour ce qui est des séjours culturels à l’étranger et des stages sportifs.

 

Depuis 18 mois, nous revenons d’une certaine manière aux sources puisque nous concentrons à nouveau nos efforts sur les séjours à thèmes, avec un énorme travail sur la qualité des séjours, le recrutement d’animateurs encore plus en affinité avec le thème, et la pertinence des contenus pédagogiques. Malgré une conjecture difficile, 2012 a été un bon cru, et nous sommes très confiants pour 2013.

 



[1] N’ayant pas fait de recherches approfondies hors d’Europe, je ne peux y être très précis. Il faut toutefois citer le cas des USA où 8 millions de jeunes Américains partiraient en colonie de vacances (« Summer Camp ») tous les ans.

[2] Accessoirement, la société va devenir rentable. Fin 2003, les pertes cumulées des premières années avaient conduit à une crise de trésorerie qui aurait pu sonner notre mort prématurée.

[3] Préalablement, cela nécessité d’avoir parfaitement compris et formalisé quelle est cette logique. Dit différemment, il nous a fallu comprendre que l’alchimie qui se crée autour du tryptique « thème fort – enfant enthousiaste – animateur passionné » était le facteur clé de succès de Telligo sur son marché. Il faut bien reconnaître que nous n’avons pas eu une approche si théorique et que c’est au fil des années et de la diversification que nous l’avons formalisé.

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 17:18

Cédric Javault : Logo cousins travelDepuis 3 ans, nous nous sommes rapprochés de notre collègue Cousins (site web : cousins.travel) qui est spécialisé dans les voyages et séjours de jeunes à l’étranger, et typiquement dans les camps itinérants pour les 14-17 ans. Les principales destinations sont les Etats-Unis, le Canada, la Thaïlande, l’Australie ainsi que, plus proches de nous, l’Italie et la Grèce.

 

A propos de Cousin voyage, Telligo et cousins travel

En prenant la direction de Cousins en septembre 2008, j’ai découvert une nouvelle facette de notre métier, la complexité technique liée à la gestion de l’aérien, et tout le professionnalisme d’une équipe habituée à organiser des séjours à 8000km de Paris et à aider des équipes d’animation avec parfois douze heures de décalage horaire.

 

J’aurai certainement, dans les semaines et mois qui viennent, l’occasion de présenter sur ce blog notre organisation de permanence, nos coordinateurs locaux – actuellement en place à Miami, New-York, Bangkok et Las Vegas – mais pour aujourd’hui, j’ai choisi un autre sujet, qui est en amont des séjours :

 

Les difficultés liées à la situation politique ou sanitaire dans un pays.

JAVAULT Cedric : Carte voyages Cousins travelLa politique voyage de Cousins, et bien sûr celle de Telligo, est bien évidemment d’éviter les zones à risque. Il y a un public adulte qui est attiré par les déserts du Niger, ou d’autres régions « chaudes », mais très peu pour nous !

 

Malgré une grande prudence dans le choix des destinations, nous avons pourtant dû faire face à de nombreuses situations compliquées : grippe H1N1 au Mexique, chemises rouges en Thaïlande en 2009 puis 2010, marée noire en Floride, accident nucléaire de Fukushima, printemps arabe de ce début d’année 2011… Il se passe beaucoup de choses sur notre planète, et cela impacte évidemment l'activité de Cousins.

 

A chaque fois, la question est la même : que doit-on faire pour les séjours dans ces régions du monde ? Maintenir le programme initial ? Modifier le circuit ? Annuler le séjour ? La politique de Cousins est constante et maintenant bien rodée.

 

1°/ Il faut d’abord évaluer la situation sur place.

Il serait bien sûr très tentant d’interroger nos correspondants locaux, nos amis et connaissances personnelles sur place. Mais, ils apporteraient une vision partielle, voire partiale (l’intérêt d’un réceptif local est objectivement que nos groupes maintiennent le circuit). Nous préférons donc faire confiance au Quai d’Orsay, à son vaste réseau consulaire, et à son site « Conseils aux voyageurs ».

 

Cédric JAVAULT : Conseils aux voyageurs cousins

Ce site, remis à jour très régulièrement, donne la position des autorités françaises sur telle ou telle destination. Il y a deux mots-clés qu’il faut savoir décoder :

 

  • « Vigilance » : le Quai d’Orsay recommande la vigilance, ou une vigilance renforcée pour de très nombreuses destinations. A titre d’exemple, voici la formulation actuelle pour le Royaume-Uni : « Il est recommandé de faire preuve d’une extrême vigilance dans les transports publics et les sites touristiques les plus fréquentés. ». Pour l’Espagne, le Quai d’Orsay indique : « les voyageurs sont invités à faire preuve de la plus grande vigilance ». 

 

  • « Déconseille » : le Quai d’Orsay ne peut pas interdire aux Français de voyager, il peut juste « déconseiller ». Actuellement (jeudi 21 juillet 2011), un pays comme l’Afghanistan est « formellement déconseillé ». C’est également le cas dans l’une des provinces du Guatemala où la situation est trop instable et, fort logiquement, dans la zone située à moins de 40km de la centrale japonaise de Fukushima.

 

Notre politique est de maintenir les circuits quand les autorités appellent juste à la vigilance, mais en revanche d’éviter impérativement toute zone ou pays qui seraient déconseillés par les autorités. Comme par essence la situation peut évoluer dans le temps, le site du Quai d’Orsay est vérifié tous les mois par les chargés d’affaire responsables d’une destination.

 

2°/ Savoir prendre la décision au bon moment

Les recommandations du Quai d’Orsay évoluent dans le temps. Nous sommes donc parfois confrontés à une vraie interrogation : devons-noucs attendre un possible / probable retour à la normale (quitte à devoir modifier le circuit dans l’urgence s’il n’y a pas de retour à la normale) ou au contraire  modifier immédiatement un circuit (quitte à faire inutilement des déçus parmi les enfants qui préféraient le programme initial) ?

 

Il n’y a jamais de réponse facile à ces questions et nous apprenons un peu plus à chaque « crise ».

 

Par exemple, quand la grippe H1N1 s’est déclarée au Mexique, nous avons assez rapidement décidé d’annuler les séjours. Je ne suis pas sûr que ce fût la meilleure décision : on connaît la suite et la vive polémique en France sur les millions d’euros dépensés pour la vaccination ! D’ailleurs, à l’été 2009, 5 enfants de nos séjours – 2 Cousins travel et 3 Telligo – ont eu cette grippe H1N1 en France et en Grèce, ils n’en ont pas plus souffert que d’une grippe classique.

 

L’année suivante, le 20 avril 2010, la plateforme Deepwater Horizon explosait dans le Golfe du Mexique, au large de la Floride. Fin mai, les autorités américaines annonçaient que les Keys et le parc des Everglades – deux des hauts lieux du séjour de Cousins en Floride – pourraient être gravement touchés. Nous avons finalement décidé de sensibiliser les équipes mais de maintenir le circuit ; il semble que c’était cette fois la bonne décision.

 

3°/ Bien communiquer avec les clients

Si nous prenons la décision de changer tout ou partie d’un circuit, nous avons une obligation légale d’informer les clients et d’obtenir leur accord.

 

Fort heureusement, les comités d’entreprise clients de Cousins nous aident alors beaucoup et contribuent à expliquer aux familles les tenants et les aboutissants.

 

Nous avons bien, à chaque fois, quelques enfants qui se désinscrivent et sont remboursés, mais la grande majorité des jeunes choisit de nous faire confiance et de partir en vacances.

 

Deux anecdotes pour conclure

Cedric Javault : voyage TunisieTout début janvier 2011, il est rapidement devenu évident que notre séjour de février en Tunisie ne pourrait pas être maintenu. La révolution arabe n’était alors que tunisienne, le reste de la région étant calme. Le prestataire tunisien, qui connaît bien l’Egypte, nous a alors proposé de déplacer le séjour vers l’Egypte... où la révolution allait emporter le régime quelques semaines plus tard. Etait-ce du flair ou juste un coup de chance ? Nous avons préféré le Maroc à la Tunisie et à l’Egypte… ce qui a évité un second déplacement en urgence du séjour !

 

Drapeau Japon par cousins.travel, pour Cédric JavaultUn autre séjour a en revanche subi deux déplacements. Il était initialement prévu en avril 2010 au Japon. Oui, mais, le volcan islandais est passé par là et, tous les avions étant bloqués au sol pendant 5 jours, le séjour a dû être reporté en avril 2011 sur la même destination. Vous entrevoyez la suite ? Samedi 12 mars 2012, accident nucléaire au Japon ! Cousins s’est accroché, et nous avons trouvé une solution en urgence : les ados ont terminé à peu près de l’autre côté du globe, au Brésil !

 

 

 

Cédric Javault, 21 juillet 2011

Site web des organismes : cousins.travel et telligo.fr

Organismes de voyage Cousin (cousins travel) et Telligo
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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 15:41

C’est dès 1960 que les premiers textes réglementant les colonies de vacances sont nés en France. Depuis cette époque, le cadre réglementaire s’est densifié : le législateur et les gouvernements successifs ont toujours souhaité mieux encadrer notre activité et suivre le développement des pratiques.

 

Cédric Javault : accrobranche

Voici un exemple qui illustre l’évolution de la réglementation pour suivre celle des pratiques : l’accrobranche est une activité qui consiste à évoluer sur un parcours en hauteur entre les arbres, en étant sécurisé par des câbles et un baudrier. Cette pratique est née en 1989, puis s’est développée, notamment à partir des années 2000. Elle a fait l’objet d’une réglementation spécifique sous la forme d’un arrêté Jeunesse & Sports dès le 3 juin 2004.

 

D’autres exemples donnent malheureusement une impression plus troublante. Ainsi, quand j’ai passé le BAFD en 1995, nous n’étions obligés de déclarer un centre de vacances qu’à partir du moment où nous réunissions 12 enfants. Ce seuil est depuis descendu à 7, exactement le nombre d’enfants qui avaient péri dans le gîte équestre lors d’un tragique incendie vers l’année 2000. Beaucoup de jeunes animateurs ont eu alors l’impression que la nouvelle loi n’était qu’une conséquence de ce tragique accident, alors qu’elle comptait objectivement bien d’autres points.

 

Ces mêmes jeunes animateurs n’ont le plus souvent pas de culture juridique ; même si leur formation BAFA a notamment pour but de leur indiquer ce qu’ils ont le droit de faire et de ne pas faire, ils se perdent facilement dans les textes. Le rôle du directeur est notamment de rappeler régulièrement les règles et de veiller à leur respect.

 

Photo de piscine, par Cédric JavaultPour être plus concret, voici un exemple, celui de la baignade. La réglementation applicable est l’annexe III de l’arrêté du 22 juin 2003. Les règles qui suivent correspondent à des enfants âgés de 6 à 11 ans (elles diffèrent selon l’âge).

 

Si vous emmenez votre groupe à la piscine municipale, ou sur une plage surveillée, vous devez, à votre arrivée, signaler votre présence au maître-nageur. Vous devez également avoir en permanence un animateur pour 8 enfants dans l’eau.

 

Si vous êtes dans la piscine privée du centre de vacances, ou sur une plage non surveillée, vos obligations se renforcent :

  • Il faut toujours un adulte dans l’eau pour 8 enfants
  • Vous êtes limités à 40 enfants dans l’eau en même temps
  •  Sur une plage, vous devrez matérialiser la zone de baignade par des bouées, reliées par un filin
  • Un responsable spécialement formé devra assurer la surveillance. Il sera titulaire a minima du brevet de surveillant de baignade.
  • Et, évidemment, comme dans le cadre familial, une sécurisation de la piscine elle-même par une clôture et / ou une alarme.

 

Je n’ai pas trouvé de statistiques officielles sur le sujet, mais un inspecteur Jeunesse & Sports m’avait indiqué il y a quelques années un chiffre qui résume à lui seul l’enjeu et les conséquences de toute cette réglementation : globalement, il y a 3 fois moins d’accidents en colonies de vacances que dans le cadre familial.

 

Cédric Javault, 18 juillet 2011


 

 

PS : je ne peux pas terminer cet article sans une pensée pour ce jeune Ricardo, jeune adolescent d’origine angolaise, a priori sans famille, et qui s’est noyé la semaine dernière en colonie de vacances (voir par exemple l’article de Paris Normandie).

 

 

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 16:58

Mardi 12 juillet 2011

Tous les ans, nous achetons des milliers de billets de train pour organiser les transports des enfants et des animateurs en France et au Royaume-Uni (il y a également des trajets en avion, j’en traiterai probablement dans un futur article).

 

Groupes versus individuels

La réservation et la confirmation des billets de train SNCF est assez différente pour un organisateur de colos comme le nôtre et pour les particuliers : la SNCF nous applique les conditions « groupes » quand vous avez les conditions « individuels ».

 

Les conditions « groupes » s’appliquent pour un nombre important de voyageurs dans le même train. Les tours opérateurs adultes proposent peu de voyages en train ; les entreprises font rarement voyager leurs salariés en groupe : ainsi, les contrats « groupes » sont principalement signés par les organisateurs de colonies de vacances.

 

Des tarifs… très variables

Les particuliers ont en général accès aux réservations des trains 3 mois avant le départ. Pour les groupes, c’est plus tôt : pour l’été, c'est vers fin janvier ou début février que la SNCF débloque les places « groupes » et que nous pouvons faire nos demandes.

 

Un peu comme dans l’aérien ou dans l’hôtellerie, chaque train voit son nombre total de places décomposé en différents tarifs : par exemple 30 places au tarif BO (avantageux car -40%), 100 places au tarif BM entre -30% et plein tarif, etc. Evidemment, plus la SNCF anticipe qu’un train sera complet, moins il y a de places à tarif réduit. Ainsi, pour les séjours de février au ski pour la zone C (celle de Paris), nous payons presque systématiquement le plein tarif pour tous les billets (soit environ 200 € aller retour pour les + de 12 ans).

 

Nous estimons que les organisateurs de colonies de vacances bénéficient d’une réduction moyenne d’un peu moins de 30%. C’est déjà bien, mais une famille avec 3 enfants a un meilleur tarif. Année après année, la SNCF a durci ses conditions vis-à-vis des groupes ; nous connaissons de nombreux confrères, excédés, qui ont renoncé au train pour adopter le transport en car.

 

Poste Amadeus de Cédric JavaultUne gestion complexe

Quand la SNCF ouvre les places, Yohan (en photo) fait ses demandes sur un logiciel dédié appelé Amadeus. Il indique les jours de départ et de retour, les trajets souhaités, l’effectif envisagé, et fait des vœux sur les horaires des trains. Dans les jours ou semaines qui suivent, le service groupe de la SNCF lui fait un retour. Par exemple, nous avions demandé Paris Bordeaux à 9h22, ce sera le 10h44 avec 30 places à -30% et les autres places plein tarif.

 

Une fois un dossier accepté, les règles de gestion en après-vente sont très contraignantes. A J-90, nous devons donner l’effectif final. Toute place qui sera ensuite retirée va nous coûter 20% du tarif à J-90, puis 30% à J-30. A 7 jours du départ, cela devient 100% : si un enfant annule moins de 7 jours avant le départ, nous perdons totalement le prix de son billet.

 

Calcul Mathétiques selon Cédric JavaultQui a dit que les maths ne servent à rien dans la vie ?

 A J-90 (soit le 14 avril dernier pour les départs de demain, 13 juillet), nous n’avions encore qu’un peu plus de 50% des inscriptions, et devions indiquer à la SNCF notre prévision de remplissage final.

 

Détail qui a beaucoup amusé l’équipe, j’ai appelé Olivier MOYNOT à l’aide pour m’aider à calculer, de manière statistique, combien il fallait de places. Olivier, cofondateur de Telligo en 1993-1994, est aujourd’hui professeur de mathématiques en classe préparatoire. Il m’a (authentique !) envoyé 3 pages du style suivant… et nous avons fabriqué le « petit » logiciel ad hoc à partir de ses équations, de quelques explications complémentaires, et d'Excel.

 

 

 

Machine d'impression de Cedric JavaultPrêt pour le jour J

Depuis quelques années, nous nous sommes dotés d’une, puis de deux machines pour imprimer nous-mêmes les billets de train et éviter d’aller en chercher à chaque fois en gare. Cela fluidifie beaucoup le travail, surtout fin juin / début juillet où nous avons des dizaines de départs sur les mêmes journées.

 

Le chef de convoi de chaque séjour peut alors, quelques jours avant le départ, venir chercher son dossier : les fiches d’inscription des enfants, le fanion Telligo que vous voyez en gare,  et évidemment les billets de train aller et retour de son groupe.

 

 

 

Cédric JAVAULT

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  • : Le blog de Cédric Javault : le making off des colos
  • : Comment les séjours sont-ils organisés ? Quels sont les pépins que nous avons à régler... pour que les enfants ne s'en aperçoivent même pas ? Je vous invite à une petite découverte de cette face "cachée" de notre travail. Cédric Javault, président fondateur de Destination Découverte (sociétés Telligo et Cousins)
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